Lecture – Le cercle de Dave Eggers

Hello hello !

Possédez vous Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat, Youtube, Pinterest ? Si vous répondez oui à au moins une proposition alors vous savez ce qu’est un réseau social. Pour la lecture d’aujourd’hui, les réseaux sociaux sont au cœur de l’intrigue.

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Mais de quoi est-il question dans Le Cercle ?

Quand Mae Holland est embauchée par le Cercle, elle n’en revient pas.
Installé sur un campus californien, ce fournisseur d’accès Internet relie les mails personnels, les réseaux sociaux, les achats des consommateurs et les transactions bancaires à un système d’exploitation universel, à l’origine d’une nouvelle ère hyper-numérique, prônant la civilité et la transparence.
Alors que la jeune femme parcourt les open-spaces, les immenses cafétérias en verre, les dortoirs confortables pour ceux qui restent travailler le soir, la modernité des lieux et l’intense activité la ravissent.On fait la fête toute la nuit, des musiciens célèbres jouent sur la pelouse, des activités sportives, des clubs et des brunchs sont proposés, et il y a même un aquarium contenant des poissons rares rapportés par le P.-D.G.
Mae n’en croit pas sa chance de travailler pour l’entreprise la plus influente qui soit – même si le campus l’absorbe entièrement, l’éloignant de plus en plus de ses proches, même si elle s’expose aux yeux du monde en participant au dernier projet du Cercle, d’une avancée technologique aussi considérable qu’inquiétante

Publié chez Folio, 571 pages. 

 

Mon avis

Le cas difficile du personnage de Mae

J’ai passé une excellente lecture, mais pour cette chronique, je préfère d’abord me pencher sur ce qui m’a gênée : Mae.

Dans Le Cercle, Mae Holland est une jeune fille qui quitte un travail peu gratifiant pour une entreprise qui la fait rêver. Mae est la fille que n’importe qui pourrait être, bienveillante et suffisamment ambitieuse pour qu’on puisse s’identifier un minimum.

Seulement, au fil des pages, on a de plus en plus de mal à suivre Mae et son raisonnement. On se détache peu à peu de son personnage. Je me pose la question de savoir si c’est un défaut d’écriture ou si vraiment j’avais un problème avec ce personnage mais au fil de ma lecture elle m’a paru insupportable. Je la trouvais incohérente, irréfléchie et odieuse (en particulier dans ses relations avec les hommes).

Personnellement c’est toujours un obstacle pour moi lorsque je ne parviens plus à m’identifier au personnage principal. J’aime les personnages imparfaits, avec des défauts, Fitz dans L’Assassin Royal en est le parfait exemple. En revanche, j’ai plus de mal avec des personnages dont l’évolution est trouble et nous parait subite, ce qui est le cas de Mae.

Toutefois l’évolution négative de Mae peut aussi être pour nous le moyen de prendre une certaine distance avec elle et avoir plus d’esprit critique sur ce qui lui arrive. En suivant un personnage antipathique, le lecteur est beaucoup moins naïf sur l’histoire qui se déroule. Au fil de ma lecture, j’ai peu à peu ressenti une impression de malaise devant les pensées de Mae et ses raisonnements. Un vécu de lecture plutôt dérangeant mais qui sert finalement le récit et ses thématiques parfaitement !

 

Technologie et effet de groupe

Passons maintenant à ce qui fait du Cercle un roman captivant (indépendamment de son personnage).

Le Cercle imagine un futur où toutes nos actions en ligne dépendent de la même société. Imaginez un Google ou un Facebook qui soit totalement omniscient et omnipotent. Dans la société présentée, toutes les petites start-up sont vite englouties par ce gros poisson que représente le Cercle.

Avec la présence envahissante des réseaux sociaux dans notre quotidien, ce roman rentre en résonance avec nous. De l’importance d’être toujours connecté, les problématiques des influenceurs, tout y passe. A la croisée entre 1984 et un épisode de Black Mirror, Le Cercle offre une dystopie malaisante. On ne peut pas ignorer la sensation oppressante qui nous saisit quand Mae se retrouve chaque jour avec plus d’écrans et de moniteurs à son poste de travail : un pour les réseaux sociaux, une oreillettes pour les questionnaires de satisfaction, un pour la vie d’entreprise, une montre connectée pour les constantes vitales, etc. Certaines situations semblent à portée de main et le futur décrit dans Le Cercle ne nous semble pas si lointain.

Mais plus qu’une critique des réseaux sociaux et des technologies, l’auteur a une manière très intelligente d’aborder les effets de groupe. Le roman présente la nuance entre une individualité pleine de bonnes intentions et un mouvement de groupe qui peut se révéler destructeur. En dehors de l’aspect technologique, j’ai trouvé cette variable très appréciable.

En bref :

Au delà de ces thèmes, Le Cercle est un roman d’anticipation qui se lit comme un thriller psychologique haletant. Malgré son personnage principal bancal, j’ai pris du plaisir dans cette lecture qui nous captive autant qu’elle nous fait réfléchir.

Il existe une adaptation, avec Emma Watson et Tom Hanks dans les rôles principaux.

 

« Tu sais ce que je pense, Mae ? J’ai l’impresseion que tu crois qu’il te suffit de rester assise à ton bureau, à envoyer des émoticones toute la journée pour vivre une vie fascinante. Tu commentes les choses, mais en attendant tu ne les fais pas. Tu regardes des photos du Népal, tu cliques sur un smiley, et tu crois que c’est comme si tu y étais allée. Enfin, qu’est ce qui se passerait si tu allais vraiment là-bas ? Tes putains de scores de merde s’effondreraient et ton niveau serait inacceptable ! Mae, est-ce que tu te rends compte à quel point tu es devenue emmerdante ? »

Et vous, avez-vous le Le Cercle ? Avez-vous vu le film ? 

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2 réflexions au sujet de « Lecture – Le cercle de Dave Eggers »

  1. Ha, j’avais vu passer les affiches du film mais je n’avais aucune idée du sujet, je le note ça m’intéresse. Et ce que tu dis sur le personnage de Mae m’intrigue beaucoup du coup 🙂
    J’ai souvent aussi besoin de m’attacher au protagoniste, mais un protagoniste antipathique peut s’avérer interessant.

    Sinon, un peu dans le même genre (interrogation et critique de l’usage des réseaux), je te conseille la nouvelle de Ken Liu « Faits pour être ensemble » qui est vraiment très réussi et qui se trouve dans le recueil « La ménagerie de Papier » (un recueil superbe que je conseille intégralement d’ailleurs).

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